الأربعاء، 6 يوليو 2011

La médiation scolaire ou l’histoire d’une stratégie pour mieux vivre ensemble

Exposé présenté dans le cadre de la Journée de réflexion des médiateurs scolaires du Valais romand

Sion, IUKB, 10 janvier 2001
psychologue et psychothérapeute FSP,
directeur adjoint du Service valaisan d’aide à la jeunesse,
ancien formateur des médiateurs scolaires du Valais romand

Etant donné que le concept de médiation est une notion encore relativement mouvante, je souhaite commencer ma réflexion en proposant une définition de la médiation .
D’un point de vue systémique, la fonction de médiation est l’une des multiples fonctions qui permettent la survie, le développement et la reproduction d’un système, au même titre que la fonction de pilotage, de contrôle, etc. Cette fonction consiste à faciliter la communication lorsque celle-ci se trouve dangereusement entravée, notamment à l’occasion d’un conflit mal géré qui risque de nuire à l’ensemble du système ; plus prosaïquement, on parle de « mettre de l’huile dans les rouages de la relation » ou de « lubrifiant relationnel ». Cette démarche, généralement spontanée, est le fait d’acteurs qui se positionnent comme tiers facilitateurs entre deux ou plusieurs protagonistes. Dans la famille, on peut prendre l’exemple de la mère de famille qui pense maintenir la paix en filtrant les messages entre le père et les enfants, ou de la sœur aînée qui arbitre les conflits entre ses jeunes frères et soeurs, ou, dans le registre pathologique, du fils qui passe son enfance à apaiser les tensions entre ses deux parents. A l’école, chacun peut être amené à jouer ce rôle de facilitateur de la communication : le directeur, les enseignants, certains élèves et bien d’autres, sans qu’il ne s’agisse pour autant d’une médiation scolaire officielle.
La médiation n’est donc pas une fin en soi, mais bien une stratégie adaptée à certains contextes et à certaines circonstances. Cela étant, je souhaite maintenant situer l’apparition de la médiation scolaire officielle en Suisse romande dans le cadre de l’histoire de notre école et, pour le faire, passer en revue les étapes parcourues. En gros, il y eut l’école d’autrefois, qui n’avait pas besoin de médiateurs scolaires ; il y eut l’école d’hier, qui les a institués ; il y a l’école d’aujourd’hui et celle de demain, qui peut-être ont besoin de quelque chose de plus pour dépasser la crise qu’elle doivent affronter.
L’ECOLE D’AUTREFOIS (JUSQU’EN 1960-70)
L’école d’autrefois se reconnaissait au caractéristiques suivantes :
  • les hiérarchies étaient claires et fortes (les éducateurs n’éprouvaient aucune répugnance à incarner cette position)
  • les frontières étaient très marquées et respectées (séparations entre garçons et filles, maîtres et élèves, école catholique et école protestante, Suisses et étrangers [classes d’ « intégration »], normaux et handicapés, école et famille)
  • il existait un fort consensus entre tous les acteurs (famille - école - Eglise) autour des valeurs ; ce qui se traduisait par un soutien réciproque
  • le conflit était proscrit et perçu comme un raté du système.
Cette école se caractérisait donc par le primat de la structure sur les éléments de la structure, du tout sur les parties, le système exprimant sa force de manière verticale par la hiérarchie et en se fondant sur la loi (ou sur la règle).
L’ordre régnait, ce qui était d’ailleurs le but, et la médiation scolaire officielle n’avait aucune raison d’être. En effet, les conflits se réglaient par l’autorité et le vécu personnel des protagonistes n’était qu’une préoccupation marginale.
Le système avait tout de même son revers (sans quoi on ne l’aurait pas changé) : dans cette école, on apprenait avant tout à obéir et à commander mais très peu à coopérer entre partenaires, la créativité y était réduite et lorsque la santé mentale s’altérait, elle prenait la forme de la névrose. Les pathologies de l’époque étaient des pathologies de la culpabilité et leur thérapie était la psychanalyse, laquelle consistait essentiellement à assouplir les interdits intériorisés et à permettre la sublimation des pulsions.
L’ECOLE D’HIER (1970 -1995)
C’est une époque de transition tumultueuse, qui a vu l’école quitter progressivement l’organisation traditionnelle qui était la sienne depuis plus d’un siècle pour tenter d’instaurer des rapports nouveaux, fondés dans toute la mesure du possible sur une coopération librement consentie entre les partenaires.
Concrètement, voici à quoi l’on était parvenu au terme de cette étape :
  • la hiérarchie est considérée souvent comme recours ultime, voire comme un échec de la coopération
  • les frontières sont perçues comme des séquelles peu glorieuses du passé, qu’il convient de faire tomber ou à tout le moins de rendre le plus perméables possible (mixité des sexes, métissage des cultures, intégration des handicapés, intégration des parents dans le débat pédagogique)
  • les conflits sont le bruit de fond des relations sociales (chacun exprime ce qu’il pense, sans toujours calculer les blessures provoquées ni les dégâts causés parfois à la cohésion des groupes)
  • le consensus est difficile à trouver (la famille critique l’école, les élèves sont souvent démotivés d’apprendre, les enseignants sont divisés entre eux).
Mais l’époque est passionnante, les innovations pédagogiques fleurissent, l’école devient un vrai laboratoire de nouveaux rapports sociaux. Et c’est ici que la médiation scolaire émerge des eaux (puis bientôt, les obudsmen, les médiateurs familiaux, les médiateurs de quartier ...) comme complément indispensable aux nouvelles formes que prennent les relations sociales.
C'est ici l'occasion de rappeler comment est née, puis s'est développée, la médiation scolaire en Suisse romande.
Tout a commencé en 1976, dans le canton de Vaud, où la contestation des jeunes, après avoir fait bouger Lausanne, avait gagné les établissements scolaires. Le conflit des générations était patent et la répression ne parvenait pas à rétablir le statu quo ante. Mais ce qui fit basculer les autorités dans le camp de l’innovation ce furent quelques drames de la drogue tout à fait spectaculaires. C’est ainsi qu’un professeur de biologie de Lausanne, Jean-Louis Kilcher, fut autorisé à mettre sur pied une expérience, absolument originale pour l’époque, qui s’étendit par la suite à la Suisse romande, au Tessin et même à l’étranger : les médiateurs scolaires.
A retenir, qu’il s’agissait d’enseignants faisant partie d’un établissement et dont la mission était de fonctionner comme passerelle entre l’univers des professeurs et celui des élèves. Faisant d’une pierre deux coups, ils étaient chargés également d’être une passerelle entre les jeunes et les professionnels de la santé situés à l’extérieur de l’école.
Quant à la forme d’action qui était la leur, elle a dû se chercher, pour finalement devenir majoritairement l’écoute individuelle. Elle a parfois évolué vers des démarches de type « travailleur social », « animateur culturel » ou « promoteur de la santé ». Aujourd’hui, un quart de siècle plus tard, la médiation scolaire vaudoise n’a guère changé, contestée par ailleurs par d’autres intervenants qui travaillent à demeure au sein de l’école : les infirmières scolaires, les travailleurs sociaux et les psychologues scolaires.
En Valais, c’est dès 1983 que le Grand Conseil accepte l’idée d’une expérience-pilote avec des médiateurs scolaires dans huit établissements scolaires. En 1985, le Conseil d’Etat accepte le principe de la généralisation de l’expérience et une décennie plus tard tous les établissements secondaires et professionnels du canton sont dotés d’un ou de plusieurs médiateurs et médiatrices.
Le modèle vaudois a été largement copié en Valais, avec cependant une tonalité systémique, c’est-à-dire un intérêt pour l’établissement scolaire considéré comme un système vivant, dans lequel il faut tenter de promouvoir une certaine qualité de vie commune. L’écoute et le soutien individuels (pour des problèmes personnels et souvent familiaux) sont cependant restés la démarche privilégiée.
Il y eut aussi des interventions dans des classes à la demande des professeurs et des élèves, des démarches incitatives auprès du corps enseignant et beaucoup d’animations-santé - souvent épuisantes - en collaboration avec les professionnels de la santé.
Il faut bien constater que l’exploration de modes nouveaux de médiation est plutôt rare, par exemple : la médiation comme tiers dans un conflit bipolaire, l’organisation de lieux de parole, l’organisation de tables rondes entre des partenaires en conflit, ou l’engagement pour un changement de la culture de l’établissement scolaire. C’est généralement le modèle du « médiateur-confesseur », c’est-à-dire l’aide individuelle, qui prévaut.
Nul ne peut le nier, l’institution des médiateurs scolaires a beaucoup contribué à humaniser les rapports aux sein des établissements, surtout en faveur des plus faibles.
L'ECOLE D'AUJOURD'HUI ET CELLE DE DEMAIN (dès 1995)
Je pense que ce n’est pas dramatiser la situation si je dis que l’école publique d’aujourd’hui est en crise.
Contrairement à ce que certains pensent, si nous en sommes là ce n’est pas parce que le modèle du partenariat a fait faillite et que le moment est venu de faire marche arrière. A mon avis, c’est le processus qui s’est dévoyé, faute de repères sûrs ; plus crûment, je dirai : faute des moyens (pas seulement financiers) ou mieux, des compétences sociales de la plupart des acteurs (c’est à dire de nous tous) pour conduire le changement.
Avant d’en venir aux issues possibles, notamment dans le domaine de la médiation scolaire, voici quelques constats sur l’école d’aujourd’hui :
  • les élèves sont peu préparés à vivre les contraintes de la vie sociale et en particulier de l’école, éduqués qu’ils sont généralement sur l’unique axe affectif par leur famille (on s’adapte systématiquement à l’enfant, sans lui demander de s’adapter aussi aux contraintes de l’environnement) ; le THADA (trouble de l’hyperactivité avec déficit de l’attention), que l’on soigne avec la Ritaline, devient la caricature grimaçante des difficultés de concentration et de contrôle moteur de bientôt une majorité d’élèves ; il en résulte que les enseignants utilisent la plus grande partie de leur énergie à créer simplement les conditions de l’écoute ; le burn out est un mot que tous connaissent aujourd’hui ; la pluralité des cultures au sein d’une classe rend caduque la transmission d’un code social unique et fort ;
  • dans les établissements scolaires, les incivilités se multiplient (chacun pour soi, absence d’écoute, irrespect des besoins des autres, exclusion, déprédation) avec parfois carrément de la violence ; mais chez nous il est faux de dire que la violence se généralise, il faut plutôt parler d’  « incivilités » ;
  • la famille juge l’école avec sévérité et se coalise facilement avec les enfants contre les enseignants, plutôt que de s’allier à eux pour gérer ensemble les difficultés ; l’école est l’objet d’attaques incessantes et fait souvent figure de bouc émissaire ;
  • l’école est elle-même divisée sur la conduite à tenir. Généralement, on constate deux camps qui s’opposent (A. Clémence) :
  • ceux qui, en cas de transgression d’une limite, donnent la priorité au maintien du lien (généralement, les enseignantes)
  • ceux qui donnent la priorité à l’application de la règle (généralement ceux qui gardent la nostalgie de l’école d’autrefois).
  • les pathologies de notre époque émanent rarement de l’étouffante culpabilité de jadis, elles proviennent le plus souvent du vertige de la liberté et de la perte du sens ; elles prennent alors la forme de la dépression, du suicide, de la toxicodépendance ou de l’hyperactivité.
Fatigués des disputes au sein de l’école évoquées ci-dessus, les tenants de la règle se désengagent progressivement et finissent par laisser aller les choses, tandis que les tenants du lien s’épuisent à vouloir démontrer qu’ « avec le cœur on arrive aussi ». Les médiateurs scolaires sont généralement dans ce dernier camp.
Au bout du compte, il y a le risque de la résignation et du chacun pour soi, manifestations quasi pathologiques d’un système en crise.
Pourtant l’école continue ! Elle constitue même le dernier lieu où l’on socialise les enfants avec une certaine cohérence, on y accueille des enfants différents (enfants étrangers, handicapés), on gère les deuils de manière toujours plus humaine, on y monte des spectacles admirables.

LES INTERROGATIONS SUR LA MEDIATION SCOLAIRE

C’est dans ce contexte que se sont déroulés ces dernières années en Suisse romande trois événements qui ont interrogé la médiation scolaire.
1. L’enquête de juin 1997 en Valais auprès des directeurs, des enseignants et des médiateurs scolaires, décidée par la commission cantonale de la médiation scolaire
Les raisons de cette enquête ? Cette commission avait le sentiment que l’ « effet médiateur » n’opérait plus de la même manière qu’autrefois, que le dynamisme des pionniers s’était assoupi, que les directions d’établissement n’étaient plus complètement derrière cette pratique, qu’il était toujours plus difficile de trouver des candidats-médiateurs, en bref, qu’il fallait se remettre en question et ouvrir la discussion.
Les réponses des 203 questionnaires rentrés (sur 245 envoyés) disent de manière quasi unanime : « Ne touchez pas à la médiation scolaire, c’est un minimum eu égard au poids des difficultés auxquelles nous devons faire face aujourd’hui ! ».
Autres messages :
  • Etre à la fois médiateur et enseignant dans le même établissement n’est pas un obstacle majeur. C’est souvent un avantage. Les problèmes de l’école doivent être gérés en priorité par des personnes qui travaillent à l’intérieur de celle-ci.
  • Le médiateur est trop souvent seul, insuffisamment reconnu par le Département, ses collègues et par la direction.
  • La réponse aux problèmes nouveaux auxquels l’école est confrontée ne doit pas reposer sur les seules épaules du médiateur. Elle doit être l’affaire de tous les acteurs de l’établissement.
De cette enquête sont ressorties des propositions qui ont débouché sur une nouvelle version des Directives concernant les médiateurs scolaires, datées du 15 février 1999 (Valais). En voici deux passages que je souhaite vous rappeler :
Cahier des charges (litt. a): " Contribuer à la sensibilisation et à la responsabilisation de tous les acteurs de l'école face aux problèmes de détresse, de solitude, de violence, etc. qui surviennent dans l'établissement, notamment en favorisant un climat de solidarité et de respect ".
Recommandations finales (litt.b) : " Dans le but d'accroître son impact sur la vie de l'établissement, ainsi que pour alléger le poids de la charge qui lui incombe, il est demandé au médiateur de travailler en équipe. Il recherche l'aide de sa direction pour constituer des " équipes de médiation scolaire " pouvant comprendre : les médiateurs de l'établissement, certains enseignants intéressés, le directeur, le conseiller en orientation, etc., mais aussi des élèves et, de cas en cas, des parents. La mission d'une telle équipe n'est pas d'échanger sur les interventions des médiateurs (qui sont couvertes par le secret de fonction) mais de se pencher sur la qualité de la vie commune au sein de l'établissement, ceci dans la perspective de faire des propositions ".
Ces propositions n’ont pas suscité d’emblée beaucoup d’enthousiasme car, alors qu’elles étaient censées alléger le fardeau du médiateur, elles ont été perçues comme une charge supplémentaire.
2. L’enquête en Suisse romande et au Tessin effectuée par l’IUSMP de Lausanne sur les attentes des élèves par rapport au médiateur scolaire, avril-mai 1998
J’en extrais les opinions qui suivent :
  • «Le médiateur, c’est quelqu’un chez qui on peut parler », tel est l’accord minimal sur l’identité du médiateur parmi les jeunes interrogés ; mais sa fonction au sein de l’école n’est pas toujours bien connue.
  • La confidentialité à laquelle est astreint le médiateur est primordiale pour tous les jeunes interrogés, mais il existe un doute quasi permanent à ce propos en raison du fait qu’ « un prof peut toujours parler à un autre prof ». En dernier ressort, le critère important pour lui faire confiance est la personne du médiateur ; il est important de le connaître comme enseignant et d’avoir pu identifier si, comme tel, il s’intéresse sincèrement aux élèves.
  • La facilité d’accès au médiateur, que l’on croise tous les jours à l’école, constitue un avantage considérable.
  • Le cas échéant, on irait chez lui avant tout pour des problèmes liés à la vie de l’école. Quelqu’un qui a du pouvoir (directeur, préfet, pro-recteur) est parfois plus apprécié car il a le pouvoir de changer quelque chose. Pour les problèmes personnels et familiaux, on dit préférer des proches, des amis, voire l’infirmière scolaire.
  • Le médiateur devrait être une sorte de « délégué aux droits de l’enfant » dans l’établissement scolaire. Il devrait se préoccuper qu’on y vive mieux ensemble.
3. L’Université d’été 1998 de Jongny, organisée par l’OFSP et l’Institut de formation systémique de Fribourg, sur le thème « La médiation scolaire dans une école qui a changé »
S’y trouvaient réunis des médiateurs de tous les cantons romands et du Tessin, des directeurs d’école, des travailleurs sociaux, des infirmières scolaires, des psychologues, des parents, des théoriciens de l’école (Philippe Perrenoud, Didier Pingeon,  Walo Hutmacher).
Les conclusions :
  • La crise de l’école est générale. Elle n’est pas moins grande  - c’est parfois le contraire - dans les lieux où l’on dispose d’une multitude de spécialistes qui oeuvrent au sein de l’établissement.
  • L’accord est quasi unanime pour dire que la réponse à la crise ne réside pas dans la multiplication des spécialistes : la réponse doit être systémique, c’est-à-dire concerner le fonctionnement global d’un établissement. Il s’agit de considérer celui-ci comme un système humain inséré dans un environnement, un système qui a son identité propre, ses valeurs propres, ses objectifs spécifiques, ses règles de fonctionnement. Les buts généraux étant que chacun s’y sente bien, qu’il soit fier d’en faire partie, qu’il ait le sentiment que dans ce lieu-là il est quelqu’un qui compte pour tous les autres.
Des mots ! direz-vous. Non ! à la condition que tout cela repose sur une démarche réaliste mais déterminée et de disposer des aides nécessaires.
Le concept qui en est résulté a été formulé en ces termes : « promouvoir une culture de la médiation scolaire dans l’école ».
Quelques principes ont été énoncés, qui devraient permettre de reconnaître à quoi ressemble une « culture de la médiation » dans une école. Les voici :
Pour un tel établissement scolaire 
  1. existe un projet commun, approuvé et soutenu par l’autorité, auquel chacun a pu contribuer et qui peut en tout temps se modifier ; ce projet a comme objectif que la vie dans l’établissement soit en toutes circonstances une expérience positive pour chacun (élèves et adultes de l’établissement, partenaires de l’école), que les interactions constituent un vécu susceptible d’enrichir l’estime de soi de chacun et de permettre l’apprentissage de comportements citoyens; par exemple, figure en bonne place chez les enseignants la détermination de vouloir dépasser l’antagonisme stérile entre « tenants de la règle » et « tenants du lien » pour en faire une synthèse féconde.
  2. existe une culture de la responsabilité de chacun concernant le bien-être commun. La désignation systématique de boucs émissaires (extérieurs ou intérieurs), tels que « le directeur », « le Département », « le système », « la globalisation » est un moyen commode pour évacuer les rancoeurs mais il repousse indéfiniment l’engagement sincère pour chercher des solutions ;
  3. existe la conviction que dans tout conflit il est dans l’intérêt des parties de découvrir une solution « gagnant-gagnant » ;
  4. existe des espaces d’échanges pour faire circuler l’information, des lieux de parole, des plates-formes de coopération, des procédures claires et acceptées, notamment pour la gestion des conflits ; il est notamment indispensable que les personnes qui ne peuvent pas adhérer au projet d’établissement puissent manifester leurs doutes et conserver une certaine distance ;
  5. prédomine l’idée que cette option n’est pas un état achevé, mais qu’elle est un processus ; l’important n’est pas d’être arrivé mais d’être en marche, avec des bilans périodiques lucides sur le chemin parcouru ;
  6. la porte d’entrée dans le projet importe peu ; il peut s’agir, par exemple, d’un engagement collectif contre les incivilités et la violence, il peut s’agir de l’accueil au quotidien des élèves étrangers, de la co-construction d’une charte d’établissement, d’une réflexion sur la gestion des conflits, de la formation d’élèves médiateurs, d’une innovation pédagogique, etc., etc. Ce qui compte, c’est l’esprit dans lequel cela se réalise.
Je signale que cette idée fait son chemin puisque un groupe intercantonal, financé par l’Office fédéral de la santé publique et soutenu par tous les cantons romands et le Tessin, conduit une recherche-action sur ce thème (voir site Internet : http://www.f-d.org/mediation-ecole). Deux ou trois établissements par canton (le Valais en a deux) bénéficient d’un soutien extérieur pour expérimenter un tel processus, chacun étant libre de choisir l’entrée dans la démarche qui lui convient. Le but de l’expérience est d’identifier les pratiques favorables afin d’aider ceux qui voudront se lancer à leur tour.
Et les médiateurs là dedans ?
Ils sont bien sûr concernés au premier chef par le développement d’une culture de médiation, mais ils ne pilotent pas forcément de tels projets ; cela est généralement laissé à des collègues enseignants avec le soutien déterminé de la direction.
En toute logique, leur solitude devrait diminuer, le soutien de l’établissement à leur fonction devrait s’amplifier considérablement, sans que leur place ne soit pour autant mise en question, car restera toujours pour eux la mission de constituer ce filet de sécurité indispensable lorsque les canaux naturels de la communication sont défaillants. Il y aura enfin ce qu’attend tout médiateur scolaire : un débat ouvert sur sa place au sein de l’établissement et sur le soutien qu’il souhaite de la part de ses collègues.
Une dernière interrogation : une culture de la médiation scolaire dans un établissement est-elle enfin la réponse à la crise de l’école ? Certainement pas, mais elle va dans le bon sens car elle est fondée sur la santé des relations et sur la volonté de co-construire notre destin commun plutôt que de le subir et de se résigner.
Et maintenant, place à la créativité et à l’audace !

http://www.f-d.org/mediation-ecole/Nanchen-mediationscolaire.htm

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